Portrait d’un Homo-Sapiens pas comme les autres

Livre de chevet de Barack Obama, Sapiens apparaît comme l’un des  livresà lire en ce début de XXI è siècle. Mais ce recueil sur l’histoire de l’Humanité est tellement énorme (sur le fond comme sur la forme) qu’il semble avoir éclipsé son auteur.

 Portrait de Yuval Noah Harari, l’homme aux milles portraits. 

Il ne pouvait y avoir qu’un homo sapiens à l’identité complexe, à la conscience historique millénaire et non séculaire, un peu d’ici et beaucoup d’ailleurs pour être capable de retracer en profondeur l’Histoire de son espèce. 

Si l’on devait résumer Yuval Noah Harari en quelques mots, cela donnerait : né en Israël de parents séfarades aux origines d’Europe de l’Est, athée mais qui pratique le bouddhisme, vegan, donnant des conférences en hébreu un peu partout à travers le monde, vivant entre les Etats-Unis et son pays de naissance et aimant les hommes. 

Un historien mais pas seulement

Quand on lit Sapiens, on est sûr d’une chose : Harari n’est pas un historien comme les autres. Pluridisciplinaire,  Il attaque son sujet sous tous les angles : psychologie, biologie, archéologie, mythologie, sociologie. Tous les mots en “ie”, toutes les sciences sont des alliés qui échappent à la rectitude d’un académisme froid. Au contraire, il les entremêle car il a conscience que seule une vision holistique peut retracer le passé pour comprendre le présent et envisager l’avenir. 

C’est ce qui fait certainement que son oeuvre est aussi efficace d’un point de vue scientifique mais aussi fort agréable à lire. Un atout quand on a la prétention d’intéresser les gens à plus de 30 000 ans d’Histoire. Mais qui est donc Yuval Noah Harari ? 

Une passion historique

Le jeune Yuval naît en 1976 à Haïfa en Israël. Ses parents sont libanais, juifs séfarades avec des origines lointaines en Europe de l’Est. Harari est passionné d’Histoire, il en fait ses études et obtient en 2002 son doctorat à l’Université d’Oxford. Sa carrière universitaire est lancée : articles, livres, cours magistraux … Il voyage beaucoup, parle en hébreu lors de ses conférences sur l’Histoire du monde, écrit ses articles en anglais et finit en 2011 par sortir ce qui est aujourd’hui encore son oeuvre principale : Sapiens. 

Un historien de l’avenir 

Yuval Noah Harari n’est pas tourné uniquement vers le passé comme son parcours universitaire pourrait nous le faire croire. C’est aussi un chercheur de l’avenir, un prophète pour certains admirateurs – faux – pour ses détracteurs. Il est vrai qu’il a des phrases qui sonnent comme des fulgurances : “L’Histoire commença quand les humains inventèrent les dieux et se terminera quand les humains deviendront des dieux”. 

Harari ne s’intéresse pas seulement à là d’où l’on vient, il veut deviner où l’on va. Homo Deus est sorti en 2015. C’est en quelque sorte la suite de Sapiens bien qu’il traite plus d’hypothèses et d’anticipation que de théories historiques aujourd’hui à peu près consensuelles. Serait-ce donc le manifeste de Yuval Noah Harari ? L’Evangile du nouveau prophète ? 

Après avoir fait la somme de tout son savoir historique, de toutes ses connaissances et recherches dans Sapiens, Homo Deus serait-il cette fois un ouvrage plus personnel, plus révélateur de la personnalité de Harari ? 

Si c’est le cas, voici ce qu’il nous apprend : le chercheur Harari croit au progrès, aux nouvelles technologies, à l’Homme. Il y croit tellement que l’Homme est capable de devenir un Dieu. Il est dans une mouvance transhumaniste. En ce début de siècle, pessimiste, embourbé dans l’angoisse écologique et succombant presque à la tentation d’enfouir le progrès et ses promesses émancipatrices dans les errements du Moyen-Age technologique ; Yuval Noah Harari fait figure d’exception mais aussi d’espoir. 

Maiana Klingebiel

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