750 milliards d’euros pour sauver l’Europe

La présidente de la Commission européenne Ursula Van der Leyen au parlement européen – Flickr (2020)

C’est l’heure de l’Europe”. La présidente de la Commission européenne propose un plan de relance de 750 milliards d’euros. Un emprunt destiné à soutenir l’économie des pays fragilisés par la crise du Covid-19.

Notre volonté d’agir doit être à la hauteur des défis auxquels nous sommes tous confrontés. Grâce à Next Generation EU, nous apportons une réponse ambitieuse.” Ursula Van der Leyen a proposé hier un plan de relance au niveau européen. 750 milliards d’euros mis sur la table afin d’apporter une aide aux pays touchés de plein fouet par la crise sanitaire et économique. Cet argent s’ajoute au compte de l’Union pour la période 2020-2027. En tout, la capacité financière totale de L’UE atteindra près de 1,85 billions d’euros. 

C’est une étape historique dans l’histoire de la construction européenne. Pour la première fois, les Vingt-Sept vont émettre un emprunt commun et enfin faire preuve d’une réelle solidarité. L’opposition entre pays du nord et du sud, exacerbée lors de la crise de 2008, semble s’être tarie. Le plan franco-allemand du 18 mai avait déjà brisé un tabou. L’Italie et l’Espagne, principales victimes de la pandémie, seront les principaux bénéficiaires de ces hausses de subventions. La France pourra toucher jusqu’à 39 milliards d’euros. 

Ce grand emprunt s’effectuera sur les marchés financiers. Il a pour objectif de soutenir les États en difficultés, en facilitant l’investissement public, notamment dans les secteurs de la transition écologique et du numérique. 250 milliards d’euros seront directement prêtés aux pays. Les 500 autres seront transférés aux États membres via le budget Européen. Les bénéficiaires devront cependant présenter des garanties. Les plans d’investissements et les réformes seront validés à la fois par la Commission et par les Vingt-Sept. Ils devront nécessairement être compatibles avec le Green Deal, censé permettre à l’Europe d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. 

Ces sommes colossales, la Commission s’engage à les rembourser sur trente ans, entre 2028 et 2058. Pour ce faire, elle propose de créer de nouvelles ressources qui lui sont propre. Un pas vers une indépendance financière, idée révolutionnaire. Une partie du budget de l’UE ne dépendra plus du financement des États. L’institution propose d’ailleurs de percevoir des impôts, quelque chose d’impensable il y a quelques années. Une taxation du numérique, une taxe carbone aux frontières et une extension du système d’échange de quotas de CO2 créeraient de nouveaux revenus. Au niveau européen, la Commission européenne propose plusieurs pistes pour financer la dette. Une augmentation des contributions de chacun des pays membres est étudié tout comme la diminution des dépenses collectives. 

Ce plan de relance historique promet d’accroître l’autonomie stratégique et la souveraineté européenne. Un programme commun de la Santé de 9,4 milliards d’euros est jugé nécessaire. Une adaptation numérique et une équité sociale est mis en avant. Soutien à la solvabilité des États et augmentation du budget de la politique de cohésion. 40 milliards seront alloués au fond pour la Transition écologique. Néanmoins, ces propositions ne sont qu’une base pour les futures négociations. Les pays dit “frugaux”, habituellement réfractaire à l’idée d’une mutualisation de la dette, sont encore à convaincre. Les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et l’Autriche devront faire des concessions. “Tout doit être fait pour avoir un accord avant la pause estivale” espère Charles Michel, président du Conseil européen. Les tractations seront dures, l’avenir de l’Europe s’écrit à partir de maintenant. 

Thomas Limousin

Une réflexion au sujet de « 750 milliards d’euros pour sauver l’Europe »

Laisser un commentaire