Il est l’un des criminels masqués les plus connus de la littérature Française et adapté plusieurs fois au cinéma. Vous l’avez reconnu ? Il s’agit du célèbre Fantômas.
Le personnage de fiction qu’est Fantômas est créé en 1910-1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain. Le premier est avocat, journaliste et écrivain. Le second est également écrivain. Les deux compères écrivent plus de 32 romans du maître du crime masqué. Après la mort de Pierre Souvestre, Marcel Allain reprend seul la série après la 1ère Guerre Mondiale. Le feuilleton est un tel succès, qu’il est adapté au cinéma vers la fin de la Seconde Guerre.
L’écriture moderne d’un roman de la Belle Époque
Dans les années 1910-1915, Fantômas devient un des feuilletons les plus marquants de la littérature populaire Française. Cet (anti) héros est largement inspiré d’autres génies du crime comme Rocambole, le colonel Bozzo-Corona, Zigomar ou encore Erik le fantôme de l’Opéra. Le rythme imposé par l’éditeur Arthème Fayard d’un roman par mois est très dur à tenir pour les deux auteurs. Ainsi, ils dictent leur roman par dictaphone, un appareil qui à l’époque permet d’enregistrer des dictées orales sur des cylindres de cire, puis saisissent les pages sur dactylos la nuit. Cette méthode d’écriture inédite donne à ce roman-feuilleton un style débridé où se mêlent intrigues sombres et complexes dans des crimes toujours plus loufoques. La technologie intervient régulièrement à travers les courses poursuites entre Fantômas et le commissaire Juve comme les automobiles, les trains, et même les fusées. À ces crimes rocambolesques s’ajoutent une écriture qui tire vers la poésie et le fantastique.
Le criminel ressuscite grâce au cinéma
Le succès de Fantômas est immédiat. Les écrivains surréalistes comme Apollinaire, Robert Desnos ou Jean Cocteau sont fascinés par ce personnage vêtu de collants noirs et d’une cagoule, parfois même d’un chapeau haut-de-forme. Mais l’oeuvre littéraire est ensuite éclipsé par le cinéma. Aujourd’hui, on connaît davantage Fantômas à travers les aventures de Louis de Funès et Jean Marais. Trois films de la trilogie Fantômas en 1964,1965 et 1967 qui s’éloignent totalement de l’oeuvre originale. Entres autres, le masque bleu porté par Fantômas mais aussi les gadgets technologiques du bandit. Le commissaire Juve interprété par De Funès n’a pas cette hystérie dans le livre tout comme Fandor le journaliste interprété par Jean Marais qui n’a pas cette ambiguïté avec Fantômas (il joue les deux rôles). Le seul rapprochement entre le film et le roman co-écrit par Pierre Souvestre et Marcel Allain apparaît dans les nombreux déguisements des personnages principaux. L’oeuvre littéraire est depuis masqué par cette trilogie cinématographique et l’on en oublie presque son histoire. Mais à ce jour, le personnage mystérieux et poétique de Fantômas reste toujours aussi « insaisissable ».
Timothée Decaudin
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