Le masque Dogon

Les masques font partie des coutumes de nombreuses civilisations africaines. Chacune
dispose de ses spécificités, de son histoire et de ses croyances. Parmi les masques les
plus célèbres du continent africain, ceux portés par le peuple malien des dogons.

Les Dogon ou Hambé sont un des peuples les plus anciens du Mali. Ils sont parvenus à
maintenir leur originalité et leur homogénéité au cours du temps, mais aussi les coutumes
et croyances séculaires. Il est difficile de pénétrer ces civilisations tant elles sont
sécurisées par les falaises de grès de Bandiagara où elles construisent leurs villages pour
le moins acrobatiques. Ce peuple montagnard a sa propre organisation politique,
économique et religieuse. Le peuple Dogon est divisé en Houmbébé, situés dans la plaine
du Gondo, à l’Est du Mali, et en Tombo situé plutôt sur le plateau.
Les masques Dogon relèvent du Sigi, un rituel de régénération dont la danse et la
musique zoulou sont pratiqués par Avva (Awa), une société initiatique. Le masque Dogon
le plus connu est le Kanaga. Il représente un oiseau du même nom. D’une forme
triangulaire, le visage représente la mâchoire de l’oiseau et la forme conique située sur la
face inférieure représente sa langue. Une structure surplombe le masque et désigne les
ailes étendues du Komondo, un oiseau mythique dans la civilisation Dogon. Le haut du
masque dispose de deux petites figures, à l’effigie du premier couple qu’ils considèrent
comme leurs ancêtres. Aussi, une croix désigne le mythe de la création. Le haut de cette
croix est le symbole du monde surnaturel et le bas celui du monde terrestre. Au milieu,
une ligne forme l’union des deux mondes. La croix est ainsi la main de Dieu dans la
mythologie.

Une danse funéraire

Les membres de la société Awa, réalisent les danses rituelles lors des commémorations
funéraires. Les porteurs du masque se penchent vers le bas en dirigeant ainsi la croix vers
le sol. Ce geste symbolise le lien entre la terre et le ciel. La danse s’effectue généralement
à l’emplacement même où le corps repose. Soit sur le toit de la maison du mort, afin de
conduire son âme (Nyama) au repos éternel, mais aussi pour le défendre du mal. Seuls
les hommes portent les masques Kanaga pour honorer les ancêtres. Les Dogons croient à
la force vitale de ces rituels et à la réincarnation des défunts. C’est ainsi que par leurs
danses, les porteurs du masque redonnent vie à l’être décédé.

Plusieurs interprétations peuvent se faire des masques Dogons, chaque individu se rattache à un animal totem selon la danse effectuée, et les attributs portés par le danseur. Parmi les masques tous fabriqués en bois peints de couleurs vives ornés de petits coquillages blancs (cauris), on retrouve les satimbe, les kanaga, le goitreux, les pullo yana, et les sirigé, … Plus de 400 masques existent au total lors des danses rituelles qui s’effectuent tous les cinq ans pour célébrer les morts. Une dimension mystique qui se perpétue à travers les générations et qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Timothée Décaudin

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